Il fallait saigner pour exister
Une sombre affaire de voisinage apparemment anecdotique est venue me chercher au fond des tripes il y a 10 jours pour me révéler un angle mort de ma psyché et de mes croyances, héritage de la lignée maternelle.
Il y a quelques jours, j’ai explosé contre une voisine.
Une vieille. Aigrie, passive-agressive, injuste.
Sournoise, tordue, elle voulait me vendre que ma chienne était potentiellement dangereuse pour elle.
Ma chienne fait 4kgs, a 8 ans et reste toujours a une mètre de moi.
Les rares fois où nous l’avions croisée jusqu’ici, ma chienne passait son chemin, indifférente.
Jusqu’au jour où j’ai eu le malheur de lui dire bonjour et de la regarder.
Elle s’est arrêtée. Moustache lui a joyeusement tourné autour pour la saluer.
Si elle avait pu jubiler, elle l’aurait fait. C’était bien la preuve que ma chienne était dangereuse.
Ah bon? Son existence suffit à être dangereuse ?
Et là mon sang n’a fait qu’un tour.
J’ai explosé. Face à son injustice, à son acharnement gratuit sur un animal complètement inoffensif.
À ce moment-là, j’étais persuadée que ma rage venait d’elle.
De son injustice.
De son air supérieur.
De son incapacité à simplement… reconnaître la tendresse.
D’ailleurs je lui ai dit, poète : « Madame, lâchez donc la laisse de votre humanité! »
Elle m’a répondu en criant que je n’étais pas intéressante.
Moi j’ai trouvé qu’au contraire, ma réplique avait une certaine tenue !
Mais la puissance de mon ressenti m’a fait tiquer quasi instantanément.
Toute cette rage et cette impuissance qui sont remontées en moi ?
Ce n’était pas à cause d’elle.
Elle n’en était que le déclencheur.
J’ai donc relevé les manches en rentrant chez moi,
bien décidée à déterrer ce qu’il se cachait sous ce débordement.
Et c’est ainsi que la genèse de mon drame intérieur est revenue.
Celle qui avait été enfouie.
Celle que je portais depuis le ventre de ma mère.
Ma mère est née par le siège. Sa propre mère a faillir mourir en couche.
Elle a accouché en décembre et s’est relevée à Pâques.
Alors cette femme, Gilberte, l’a abandonnée.
Quatre ans chez une nourrice.
Madame Petit Seigneur et son mari. Des anges.
Les seuls de toute l’enfance de ma mère d’ailleurs.
Son père, qu’elle adorait, a fini par venir la récupérer.
Sauf qu’il vivait avec une autre femme.
Qui battrait ma mère jusqu’au sang, jusqu’à ses 17 ans.
Jusqu’à ce qu’un jour elle se rebelle et manque de la tuer à son tour.
Ma mère a grandi avec l’idée qu’elle était coupable. Une faute.
Que c’était normal qu’elle paie. Qu’elle paie de son sang.
Pourquoi ? Simplement parce qu’elle était en vie.
En conséquence, elle a mis 36h à m’accoucher. Elle ne dilatait pas.
Toutes les cellules de son corps m’ont transmis la croyance qu’exister était un risque.
Qu’exister, c’était potentiellement être punie lourdement pour un crime qu’on n’a pas commis.
Alors quand cette voisine m’a agressée sans raison, ce n’est pas elle que j’ai vue.
J’ai vu la matrice.
J’ai vu l’injustice originelle.
J’ai vu ma lignée blessée.
Et je me suis rebellée là où personne ne s’était rebellé avant moi.
Car tout le village où a grandi ma mère savait.
Le maire savait. Et il n’a jamais rien fait.
Pire. L’affaire a été étouffée.
Elle a manqué de crever sous les coups plus d’une fois.
Son corps porte encore certaines cicatrices de cette fois où sa belle mère lui a planté un couteau dans la jambe sous la table de la cuisine, comme ça.
Pour rien.
Ou de cette fois où elle l’a jeté à travers la véranda qui, en éclatant, a fendu le crâne de ma mère a plusieurs endroits.
L’hôpital ? Connait pas.
Elle s’est guérie toute seule. Comme à chaque fois.
Et en réalité, au moment où je me suis mise à écrire ce post, je me suis sentie bloquée.
Moi dont les mots coulent naturellement lorsqu’il s’agit de raconter ce genre d’histoire.
Et je me suis demandée ce qu’il restait, en moi, de tout ça.
La peur d’être celle qui dit. Même des années après.
La peur d’être vue. La peur d’exister, pleinement.
La peur qu’on me fasse taire.
Du coup, ça aussi, je l’ai dégagé. Et après ?
Après le flot est revenu.
Et au delà de tout ça, la légitimité d’exister entièrement, sans honte, sans culpabilité.
De retrouver ma juste place. De tout mon feu. De toute ma voix.
Conclusion ?
Je ne crains plus de croiser la vieille.
Et quelque chose me dit que je ne la verrais plus beaucoup maintenant.
Parce qu’en moi, j’ai laissé partir les résonances. Il n’y a plus de prise.
Il n’y a plus que du calme et de l’aplomb retrouvés.
🗝️ Ce que ça m’a confirmé ?
Nous ne sommes jamais en colère pour la raison que nous croyons.
Ce sont les racines invisibles qui saignent, pas le sol qu’on foule.
Et c’est exactement ce que je transmets aujourd’hui.
✨ En coaching, je vous aide à remonter au cœur des mécanismes hérités, entre autres, pour que vous cessiez de vous punir ou de vous écraser pour des douleurs qui peuvent être libérées.
✨ Et dans mes ateliers “Déclics émotionnels”, je vous propose un raccourci puissant :
traverser, rire, jouer et incarner une posture nouvelle sans avoir besoin de revivre tout le passé.
Parce qu’on peut se libérer sans tout décortiquer.
Et retrouver sa puissance sans demander l’autorisation.
🪶 Si vous sentez, vous aussi, que vous portez des choses qui vous freinent, venez.
Vous n’êtes pas seul·e. Ce n’est pas une fatalité. Et on peut même en rire !Il fallait saigner pour exister